Depuis le 1er juin, David Lynch a entamé un nouveau projet à la fois proche et éloigné de ce qu'il a l'habitude de produire au cinéma. On le connaît pour ses histoires extrêmement sombres jouant sur la perte d'identité, la pluralité des noms sur des personnages uniques, bref, le plus souvent, les films de Lynch sont de véritables casse-tête assez géniaux à mon sens, le plus poussé de tous étant Mulholland Drive, sur lequel j'ai planché des heures pour réunir les pièces du puzzle (et avec finalement l'aide d'internet pour démêler les éléments trop indéchiffrables). Cependant, il est aussi à l'origine de Une Histoire vraie, véritable OVNI dans sa filmographie, car paradoxalement, ce dernier film est scénaristiquement "normal". Si je vous parle de ces derniers films c'est que ce nouveau projet Lynchéen est à mi-chemin entre les questionnements sur l'identité (dans Lost Highway le héros est schizophrène) et l'aspect "road movie" de Une Histoire Vraie.
Pendant 70 jours David Lynch et son fils Austin ont donc silloné 30 000km de routes américaines à la recherche de gens, tout simplement... Le but étant de dresser 121 portraits publiés à raison d'un tous les 3 jours sur le site créé spécialement à cet effet. Seuls 6 portraits sont donc publiés à ce jour et parmi eux : Kee, un jeune indien Navarro homosexuel rejeté par sa communauté à ce seul motif ; Tommie, qui attend patiemment que sa bien-aimée sorte de derrière les barreaux pour avoir plombé la cervelle de son ex-mari etc... "I ain't proud of anything except of being alive" (Jess - 1ère interview de cet homme seul, n'ayant plus de conctacts avec sa famille).
Autant de portraits poignants, spontanés et non sublimés par les artifices du cinéma (ou presque) : seulement Des histoires vraies. Drôles et tragiques à la fois, dressant finalement un portrait nuancé d'une Amérique pleine d'identités très diverses. Remarquez d'ailleurs que si vous passez votre souris très vite sur toutes ces vidéos, toutes ces voix se chevaucheront et vous aurez l'impression d'écouter le monde, comme on écoute la mer au travers d'un coquillage. (C'est beau ce que je viens de dire)
Vous noterez aussi que j'ai publié des variantes de l'habillage par défaut, si l'aspect hivernal de celui-ci vous perturbe en cette période estivale (vous aussi ça vous fait rire quand vous regardez le temps), vous pourrez toujours opter pour une ambiance moins frisquette.