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  LA NAISSANCE DE LA TRAGEDIE


          Rappelez-vous le spectacle que nous vîmes mon âme, en rêve, ce beau matin d'hiver si doux. La gravité du paysage agonisant sous les coups répétés d'un monde viril où tout se trouve plus bas que terre, aussi bien les ressources que les êtres. Rappelez-vous ce moment de contemplation apollinien où dans l'aube aux doigts de rose, les bras de mer arachnéens succédaient aux monts déchiquetés et nus, où des paysages lunaires de désolation faisaient place à d'immenses mares d'eau croupie tavelées de lames glacées. Et ces hommes postés sur les crêtes de vastes plaies terrestres, par milliers, comme une invasion de parasites pugnaces et inconscients, ces Robinson Crusoë cherchant vainement dans la fange et les entrailles le secours d'une mère, d'une soeur, d'une amante. Au cours d'une crise d'hystérie collective, ils prirent le parti fatal d'abandonner la lecture des auspices pour celle des haruspices et tous se pointèrent du doigt : ce doigt, ce n'était pas celui de la Création d'Adam, l'index fertile, c'était celui de la condamnation.
          Puis ce fut aussi vers nous que se redirigea l'exécration publique, cela nous rendit d'abord aveugle mais cela  reproduisit en nous le sentiment du chaos sublime, de la destruction créatrice, de l'ouvert béant et vertigineux. L'opprobre était devenu un poison dans la boisson qui aurait dû nous faire sentir l'ivresse dionysiaque et bientôt ce rêve devint une aspiration au néant...


Comme si cela ne suffisait pas, alors que j'écrivais mon article hier, je suis tombé sur cet article du Monde.fr
ainsi que sur le Robinson de Thierry Chabert avec Pierre Richard sur Arte. J'aime les coïncidences qui font sens.


"JE VAIS FAIRE VOLER ET CHANTER ANDOAR"

Carnets de Voyage

Par yaqov-eleutherion le Lundi 28 décembre 2009 à 4:01
Mythe personnel de la Création et de la Chute ? C'est nietzschéen, c'est biblique. C'est édénique et prométhéen.
Par silverthorn le Lundi 28 décembre 2009 à 14:42
Plutôt un récit enflé de mon expérience intérieure au visionnage de Home, le film d'Arthus Bertrand, mais sinon oui c'est nietzschéen et biblique (édénique et prométhéen je ne sais pas, tout dépend ce que tu entends par là. En tout cas je t'ai donné l'occasion de placer "édénique" ;).

J'ai publié ma traduction. Cet article est pédant, j'ai déjà envie de le supprimer.
Par yaqov-eleutherion le Mardi 29 décembre 2009 à 2:36
"Prométhéen" c'était pour faire des rimes en chiasme. ^^

J'ai moi-même trouvé très bien le film "Home" en ce qu'il n'accable pas le spectateur d'impuissance, écueil où tombent toutes les productions environnementalistes. La notion de "faute" est un cancer métaphysique ; YAB a compris que culpabiliser n'encourage pas l'action mais emprisonne dans une contemplation pénible et stérile.

En soulignant qu'il n'est plus temps d'être pessimiste, il rend authentiquement responsable pour l'avenir. L'éternel problème de ceux qui culpabilisent est qu'ils confondent responsabilisation et culpabilisation (sournoise confusion entre puissance et impuissance, entretenue par l'idéologie individualiste moderne).

PS : il m'arrive aussi de ne pas trop apprécier les articles où je parle directement de moi, mais je trouve qu'il serait dommage de supprimer celui-ci.
Par maud96 le Dimanche 10 janvier 2010 à 13:19
Non, il ne faut pas supprimer cet article : il m'a amusée (j'ai cru lire un article du Monde.... mais l'article du Monde que tu cites et que j'ai trouvé très intéressant est plus aisé à lire).
Plutôt que de parler du mythe de Prométhée, vu les issues prédites par le film 'Home " (dont je n'ai vu que des extraits), je parlerai d'Icare, qui s'est brûlé les ailes en prétendant atteindre le soleil.
Je suis bien d'accord que la culpabilité ne résout rien, et même paralyse.
Par Loly le Vendredi 15 janvier 2010 à 17:02
Rappelez vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux ... [ Une charogne - Baudelaire ]
Bon okay, j'suis hors jeu ^-^
Par silverthorn le Vendredi 15 janvier 2010 à 18:21
Bien vu ;). Ayant de grosses difficultés à entamer ce que j'écris, j'ai pris l'habitude de commencer par des choses qui ont déjà été écrites. Récemment c'était avec l'Oceano Vox de Hugo "Ô combien de marins, combien de capitaines". Ici c'était l'occasion de faire un éloge de la laideur, un peu comme dans Une Charogne.
"L'aube aux doigts de rose" est aussi une des phrases de l'Odyssée avec "et il lui dit ces paroles ailées". La phrase entière est généralement "Lorsque la fille du matin, l'aube aux doigts de rose..."
Par muse-etrange le Jeudi 24 juin 2010 à 15:41
Je n'aime pas commenter dans un article sans qu'il y ait de rapport, surtout sur un tel texte...

Je vais passer mon blog sous mot de passe. J'ai pas ton mail, donc si ça te tente de l'avoir, tu peux m'en envoyer un à walking_disaster@live.fr.

Voila merci, passe une bonne journée.
Par TGS le Mardi 20 juillet 2010 à 14:32
Je ne connaissais pas l'analyse de Deleuze sur Spinoza. Mais vraiment excellente tout comme cet aritcle.
Par http://www.villatatin.fr le Samedi 9 juillet 2016 à 4:52
Il le tenait à gauche, sous la langue, de telle sorte que l'instrument de verre lui sortait obliquement de la bouche.
Par UGG Pas Cher le Samedi 15 octobre 2016 à 3:45
On ne sait même plus se rencontrer soi-même.
 









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