Internet rend-il bête?
C'est une question que j'ai vu se poser il y a quelques mois sous l'influence par exemple d'Alain Finkielkraut (dit "philosophe") et notamment grâce à l'article du Télérama à propos de cette question. La question divise, c'est d'ailleurs bien pour cela que le débat est si intense, et l'opposition entre les défenseurs et les détracteurs du Web n'est pas comme on pourrait le croire une opposition entre technophiles et technophobes.
Un des arguments majeurs des défenseurs du Web est ce qu'on appelle la "sérendipité", néologisme datant du XVIIIe siècle et qui sert à qualifier les découvertes inattendues. Par exemple, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb est sérendipiteuse, i.e, complètement fortuite. Internet en cela est le paradis des découvertes fortuites, notamment grâce à l'hypertexte, qui permet de faire des liens directs avec d'autres documents. De l'autre côté on trouve le témoignage de Nicolas Carr qui déclare à peu près cela :
« Ces dernières années, j’ai eu la désagréable impression que quelqu’un, ou quelque chose, bricolait mon cerveau, en reconnectait les circuits neuronaux, reprogrammait ma mémoire. Mon esprit ne disparaît pas, je n’irai pas jusque-là, mais il est en train de changer. Je ne pense plus de la même façon qu’avant. C’est quand je lis que ça devient le plus flagrant. Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. Mon esprit était happé par la narration ou par la construction de l’argumentation, et je passais des heures à me laisser porter par de longs morceaux de prose. Ce n’est plus que rarement le cas. Désormais, ma concentration commence à s’effilocher au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, je perds le fil, je cherche autre chose à faire. J’ai l’impression d’être toujours en train de forcer mon cerveau rétif à revenir au texte. La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte. »
Mon esprit attend désormais les informations de la façon dont le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Auparavant, j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais, je fends la surface comme un pilote de jet-ski.»
On remarque donc que du côté des détracteurs du Net, certains sont même des gros geeks. D'autres non. C'est le cas d'Alain Finkielkraut, aussi philosophe qu'Houdini est serrurier, qui nous fait sur le plateau (internet) d'Arrêt sur Images une belle démonstration de son érudition dans le domaine. On remarquera donc que désormais pour établir des essais grotesques il n'est plus nécessaire de s'être penché sur ce qui fait l'objet de notre étude, on peut y aller de son statut de "philosophe" pour être crédible aux yeux de la populace.
Mon avis sur la question est donc qu'encore une fois les gens s'emportent dans des élucubrations fallacieuses alors qu'internet prend de plus en plus d'importance dans notre vie quotidienne. On nous ressert les mêmes inquiétudes qu'à l'arrivée du téléviseur et de la multiplication des chaînes. Internet est un OUTIL, et comme tout outil, il s'ouvre à différentes utilisations qui peuvent se révéler bénéfiques ou néfastes. Alors NON, internet ne rend pas bête. Au pire, Internet peut accentuer une bêtise préexistante, mais ne peut certainement pas rendre bête comme on choperait la vilaine Grippe A(pocalypse).
De mon expérience personnelle je retiens en tout cas que je suis persuadé qu'Internet ne m'a pas rendu bête bien au contraire. J'ai de fortes raisons de penser qu'aujourd'hui même je n'aurais pas mon bac en poche avec la mention très bien, que je ne m'intéresserais pas à la philosophie, que je ne me dirigerais certainement pas vers Hypokhâgne, et que ma culture générale serait équivalente à celle d'un ornithorynque mort sur le bord d'une route. Mais Internet n'est pas non plus cette panacée censée élever toute notre population au sommet de la connaissance, il faut seulement arrêter la psychose, on peut très bien lire des bouquins et des articles virtuels en même temps. Je trouve ridicule de dire qu'Internet dénature à ce point la pensée qu'on en arrive à ne plus pouvoir atteindre la pseudo "pensée profonde", qu'on érige du même coup en mythe.
En bref, j'en ai marre que des peigne-cul viennent nous beurrer la raie avec leurs théories pourries uniquement parce-qu'ils ont rien trouvé de mieux que ça pour renflouer leur compte en banque ou accroître leur prestige personnel! Allez chier dans une fiole on verra après!
Mise à jour : Cet article est une manifestation d'humeur et aborde donc de manière assez médiocre le problème, voilà pourquoi je recommande la lecture des commentaires, qui me semblent largement plus satisfaisants quant à la réponse à donner à la question.
« Ces dernières années, j’ai eu la désagréable impression que quelqu’un, ou quelque chose, bricolait mon cerveau, en reconnectait les circuits neuronaux, reprogrammait ma mémoire. Mon esprit ne disparaît pas, je n’irai pas jusque-là, mais il est en train de changer. Je ne pense plus de la même façon qu’avant. C’est quand je lis que ça devient le plus flagrant. Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. Mon esprit était happé par la narration ou par la construction de l’argumentation, et je passais des heures à me laisser porter par de longs morceaux de prose. Ce n’est plus que rarement le cas. Désormais, ma concentration commence à s’effilocher au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, je perds le fil, je cherche autre chose à faire. J’ai l’impression d’être toujours en train de forcer mon cerveau rétif à revenir au texte. La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte. »
Mon esprit attend désormais les informations de la façon dont le Net les distribue : comme un flux de particules s’écoulant rapidement. Auparavant, j’étais un plongeur dans une mer de mots. Désormais, je fends la surface comme un pilote de jet-ski.»
On remarque donc que du côté des détracteurs du Net, certains sont même des gros geeks. D'autres non. C'est le cas d'Alain Finkielkraut, aussi philosophe qu'Houdini est serrurier, qui nous fait sur le plateau (internet) d'Arrêt sur Images une belle démonstration de son érudition dans le domaine. On remarquera donc que désormais pour établir des essais grotesques il n'est plus nécessaire de s'être penché sur ce qui fait l'objet de notre étude, on peut y aller de son statut de "philosophe" pour être crédible aux yeux de la populace.
Mon avis sur la question est donc qu'encore une fois les gens s'emportent dans des élucubrations fallacieuses alors qu'internet prend de plus en plus d'importance dans notre vie quotidienne. On nous ressert les mêmes inquiétudes qu'à l'arrivée du téléviseur et de la multiplication des chaînes. Internet est un OUTIL, et comme tout outil, il s'ouvre à différentes utilisations qui peuvent se révéler bénéfiques ou néfastes. Alors NON, internet ne rend pas bête. Au pire, Internet peut accentuer une bêtise préexistante, mais ne peut certainement pas rendre bête comme on choperait la vilaine Grippe A(pocalypse).
De mon expérience personnelle je retiens en tout cas que je suis persuadé qu'Internet ne m'a pas rendu bête bien au contraire. J'ai de fortes raisons de penser qu'aujourd'hui même je n'aurais pas mon bac en poche avec la mention très bien, que je ne m'intéresserais pas à la philosophie, que je ne me dirigerais certainement pas vers Hypokhâgne, et que ma culture générale serait équivalente à celle d'un ornithorynque mort sur le bord d'une route. Mais Internet n'est pas non plus cette panacée censée élever toute notre population au sommet de la connaissance, il faut seulement arrêter la psychose, on peut très bien lire des bouquins et des articles virtuels en même temps. Je trouve ridicule de dire qu'Internet dénature à ce point la pensée qu'on en arrive à ne plus pouvoir atteindre la pseudo "pensée profonde", qu'on érige du même coup en mythe.
En bref, j'en ai marre que des peigne-cul viennent nous beurrer la raie avec leurs théories pourries uniquement parce-qu'ils ont rien trouvé de mieux que ça pour renflouer leur compte en banque ou accroître leur prestige personnel! Allez chier dans une fiole on verra après!
Mise à jour : Cet article est une manifestation d'humeur et aborde donc de manière assez médiocre le problème, voilà pourquoi je recommande la lecture des commentaires, qui me semblent largement plus satisfaisants quant à la réponse à donner à la question.
D’ailleurs, je trouve que l’extrait qu’«Arrêts sur Images» diffuse sur Dailymotion est absolument merdique, débordant de pathétisme. Dans la forme même, c’est déplorable : deux séquences tronquées n’importe comment, qui doivent probablement correspondre aux deux meilleurs moments de prises de becs de Finkielkraut avec les journalistes en présence. Et en l’occurrence, je me hasarderai à présumer que ces derniers l’ont fait venir expressément dans ce but. Les positions pessimistes de Finkielkraut sont de notoriété publique sur la société de l’hyperconnection et de l’hyperinformation, et il y a mieux pour parler sereinement de la chose : Joël de Rosnay, par exemple. J’ose espérer que ces journalistes n’étaient pas désinformés de la chose (la désinformation, comble du journaliste), ils n’ont pas pu inviter Finkielkraut dans l’espoir qu’il éclaire les auditeurs au sujet d’Internet. Et s’ils ne comptaient pas dès le départ lui rentrer dedans à l’antenne, ils ne l’auraient évidemment pas invité. Enfin tout ça est une chose très fréquente dans le milieu ; un excès de l’honorable exigence de débat – excès du au fait qu’en plus d’informer, les journalistes veulent filer du croustillant (la guerre de l’audience étant pour eux une guerre pour la survie).
Sur le contenu : le journaliste a raison en disant « Internet n’existe pas ». Il est souvent salutaire de démonter les abstractions personnifiées.
Quant la question directrice de ton article, je pense que le fait de ne plus pouvoir «lire profondément» est du à la culture de l’image. Aujourd’hui, on «reçoit» sans arrêt un tout qui est déjà mis en images, puisque l’image est immédiate contrairement au texte (et ça, la publicité l’a bien compris). Le problème est que ce culte de l’immédiateté nous déshabitue de l’effort personnel de décodage et d’«image-ination» du non-imagé. La difficulté moderne de lire est aussi un problème d’habitude : comme dit Aristote, «c’est en agissant vertueusement qu’on devient vertueux» (origine et variante philosophique du proverbe avec la forge). Mais la compréhension profonde ne peut survenir que dans le calme et la durée ; elle est donc impossible à ceux qui n’ont pas le temps de se poser, qui sont sans cesse avides de mouvement (même être assis devant un PC peut s’avérer une forme de constante intensité via un surf frénétique sur le Net). Il suffit d’éteindre le PC et de se remettre à lire, patiemment, et la compréhension profonde revient. Mais je crois que même une chose aussi simple est devenue une épreuve pour certains (pas la majorité heureusement, enfin j’espère).
Comme toi, je dois à Internet une part de ce que je suis intellectuellement. Je suis contributeur sur Wikipédia depuis deux ans et je trouve ce site formidable, tant par mes relations virtuelles avec les autres contributeurs que du fait de l’idée même que recouvre toute cette activité : la construction d’un temple universel du savoir, traduit dans toutes les langues du monde, où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Donc oui, je te rejoins : il n’y a pas que de la merde sur Internet, et après, c’est une question d’usage. On offre 300 euros à des baufs et 300 euros à des gens un peu plus fins, l’argent ne sera pas dépensé de la même façon. C’est pareil pour Internet. C’est comme l’argent, un outil. Tu le dis fort justement : un outil qui ne porte pas en lui, tel la marque du péché originel, le vice préexistant des mauvais usages qu’on peut en faire.